Très souvent, ces termes reviennent de manière inadaptée sur internet pour parler de nos oiseaux. Voici ici un article de Fanny Detroyat, titulaire d’une maîtrise en éthologie et passionnée;

Espèce, race, hybride et mutant : quelle différence?

Je vais tenter ici de vulgariser pour vous expliquer biologiquement les différences qui s’appliquent, et celles-ci sont valables pour l’intégralité du monde vivant (perroquets et tous les animaux, mais aussi plantes, bactéries, champignons, …)

Tout d’abord, il faut comprendre comment les espèces sont classifiées aujourd’hui (je vous épargne l’histoire de la classification des espèces ! )

Voici un schéma général:

(vivant) → règne → embranchement → classe → ordre→ famille→ genre→ espèce

Prenons l’exemple du ara bleu et or (= nom vernaculaire : terme propre à chaque langue, employé dans la vie de tous les jours), ou Ara ararauna (= nom scientifique : nom latin employé de manière universelle, il s’écrit toujours en italique et avec une majuscule pour le nom de genre et une minuscule pour le nom de l’espèce):

 

(vivant)→ règne animal→ embranchement des chordés → classe des oiseauxordre des psittaciformes → famille des psittacidés→ genre Ara→ espèce Ara ararauna

 

Je vous épargne les sous-catégories(sous-règne, sous-espèce, etc.).

Une espèce est définie par un ensemble d’individus génétiquement proches, capables de se reproduire entre eux et d’avoir des descendants fertiles !

 

En ce qui concerne les races…

Il s’agit d’espèces qui ont été domestiquées et modifiées par sélection humaine au cours des générations afin de favoriser certaines caractéristiques.

Prenons l’exemple très parlant du loup et du chien. Ces deux animaux appartiennent tous deux à l’espèce Canis lupus : ils peuvent tous deux se reproduire entre eux et donner des descendants fertiles. Au cours de la domestication du loup, les individus ont été sélectionnés pour donner des races : labrador, chien-loup, bouvier, mâtin, berger, … Le chien domestique est la sous-espèce du loup, Canis lupus familiaris, mais j’avais promis de ne pas parler de sous- catégories !

Vous savez désormais faire la différence entre une espèce et une race !

 

En ce qui concerne les hybrides…

Passons à la suite.

Comme je vous l’ai dit plus haut, des individus appartenant à la même espèce peuvent se reproduire et donner une descendance fertile. Mais si deux individus appartenant à deux espèces différentes se reproduisent, leurs descendants seront des hybrides.

Ceux-ci sont (la plupart du temps) stériles et peuvent aller jusqu’à présenter des tares physiques voire mentales du fait de la différence génétique entre Ieurs deux parents.

Ainsi, si un Ara ararauna et un Ara chloropterus (qui appartiennent au même genre (Ara) mais à deux espèces différentes) se reproduisent, Ieurs descendants seront des hybrides : les aras arlequins. Ceux-ci n’appartiennent à aucune espèce, ne peuvent (en théorie) pas se reproduire avec d’autres individus et donc n’apparaissent dans aucune classification du vivant.

Malheureusement, les aras ararauna et chloropterus sont tellement proches génétiquement, que certains de leurs hybrides réussissent à se reproduire, ce qui donne des hybrides de 2ème génération, et même eux parviennent parfois à se reproduire, donnant des hybrides de 3ème génération.

Pour rester dans le monde du perroquet, aujourd’hui nous voyons également des hybrides issus de parents de genres différents, comme cet hybride de ara bleu et or (genre Ara) et de ara hyacinthe (genre Anodorhynchus). Ces deux aras sont de genres différents mais appartiennent tous deux à la famille des psittacidés. Pour faire une comparaison plus parlante, c’est comme si un homme (Homo sapiens) et un chimpanzé (Pan paniscus), appartenant tous deux à la famille des hominidés mais à deux genres différents, se reproduisaient.

En ce qui concerne les mutants…

Enfin, un mutant est un individu qui présente spontanément une différence(le plus souvent physique) par rapport à la norme de son espèce.

Ceux-ci sont reproduits entre eux afin de maintenir le caractère au cours des générations, créant au fil du temps des races.

Pour fixer les caractères sélectionnés, on reproduit souvent des individus parents, créant des problèmes de consanguinité.

C’est pour cela qu’aujourd’hui, la plupart des chiens “bâtards” sont plus résistants que les chiens de race, issus d’une longue sélection de croisements consanguins.

Pour en revenir à nos perroquets, prenons l’exemple de la perruche ondulée, Melopsittacus undulatus. Le type sauvage de la perruche ondulée est majoritairement vert et jaune. Cette espèce se reproduisant rapidement et étant présente en captivité depuis Iongtemps, des mutations spontanées sont apparues : ici une perruche bleue et jaune, ici une perruche verte et bleue, ici une toute blanche, etc.

Voilà, vous savez faire la différence entre un hybride et un mutant !

J’espère que ces petites explications seront claires pour vous, dans le cas contraire n’hésitez pas à me poser des questions et je tâcherais d’y répondre si je le peux !

 

Fanny Detroyat
Titulaire d’une licence de biodiversité
des organismes et des écosystèmes et 
d’une maîtrise en éthologie
Référence
Fanny Detroyat, nombre 2020, Espèce, race, hybride et mutant : quelle différence?, https://perroquetdenature.blogspot.com/2020/11/tres-souvent-ces-termes-reviennent-de.html, article consulté le 30 mai 2021
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