Voici un article paru dans la revue du Conservatoire des Oiseaux Exotiques et rédigé par David Waugh, un correspondant au Fondation Loro Parque !

Amazones du Brésil et nichoirs en plastique

L’Amazone à joues bleues (Amazona brasiliensis) du sud-est du Brésil, niche dans les forêts des îles et des plaines côtières. Pour se reproduire avec succès, elle a besoin notamment de grands arbres matures, dotés de cavités pour nicher. Parmi les plus importants, figure le Guanandi (Calophyllum brasiliense), espèce hélas susceptible d’être abattue, entrainant une pénurie de sites de nidification. En outre, chaque année, les fortes pluies accélèrent la décomposition et la chute des nids naturels, les rendant inutilisables et contribuant à la disparition d’œufs et de poussins.

© I. Gutz

Les forêts des îles et des plaines côtières sont l’habitat favori de l’Amazone à joues bleues

© M. Halpern

Le Guanandi est une essence clé pour la nidification de l’Amazone à joues bleues

 

Partant du principe que le manque de cavités de nidification appropriées est un facteur limitant pour la survie de population de l’Amazone à joues bleues, créer davantage de cavités fait partie du projet de longue haleine de l’ONG brésilienne SPVS (Sociedade de Pesquisa em Vida Selvagem e Educação Ambiental), financée depuis 2005 par la Loro Parque Fundación. Une partie du projet consiste à protéger les plus grands arbres de la forêt, avec l’objectif à long terme de rétablir l’équilibre entre formation et désintégration des cavités naturelles. À plus court terme, l’ONG répare les cavités effondrées et installe des nichoirs dans la forêt.

 

Amazone à joues bleues adulte perchée sur un nichoir en bois détérioré et juvénile né dans un nichoir en bois

 

Le programme a commencé avec des nichoirs en bois conventionnels avec un succès relatif pendant quelques années. Cependant, le bois, grignoté par les perroquets, se décompose rapidement. Les biologistes de SPVS ont donc décidé d’installer des nichoirs fabriqués à partir de tuyaux en PVC. C’est une bonne option car ce matériau résiste aux conditions climatiques, est plus léger donc plus facile d’installation et n’attire pas les abeilles tueuses, comme c’est le cas avec le bois. Malgré cela, la température de ces nichoirs en PVC, plus élevée, est susceptible de contribuer à l’abandon des œufs et à la prolifération d’ectoparasites sur les poussins. Globalement, les données montrent que de 20 nichoirs fabriqués à partir de chacun des matériaux, 35 juvéniles se sont envolés en moyenne des nichoirs en bois et 32 des nichoirs en PVC. Il faut ajouter à cela que le nombre moyen de jeunes à l’envol est significativement plus faible pour les nids naturels (1,49 poussins par nid) que pour les nids artificiels (1,82 poussins par nid).

Installation d’un nichoir en PVC

 

Les prédateurs naturels, l’interférence humaine et le changement climatique peuvent influencer les succès de reproduction. Des températures anormalement élevées peuvent entraîner une diminution de l’approvisionnement alimentaire et augmenter la possibilité de maladies. Malgré cela, avec moins de 2 500 individus au milieu des années 1990, la population d’Amazone à joues bleues a quadruplé grâce au projet, selon le recensement annuel dans l’État de Sao Paulo et celui du Paraná où environ 80% des effectifs sont concentrés. Il ne fait aucun doute que plusieurs facteurs ont contribué à l’augmentation de la population mais la pose des nichoirs y est pour quelque chose.

 

Variations (annuelles et interannuelles) des performances de reproduction de l’Amazone à joues bleues, entre 1998 et 2022 : nombre de nids surveillés (en bleu), de nids occupés (en rouge) et de poussins à l’envol (en vert)

 

Selon SPVS, au cours de la saison de reproduction de 2021/22, des œufs ont été pondus dans 80% des nids occupés, avec une moyenne de 2,3 œufs par nid. Le taux d’éclosion des œufs a été de 66,5 % avec un pourcentage d’envol de 52,1 %. Dans l’État du Paraná, entre 1998 à 2022, la moyenne annuelle a été de 53 juvéniles à l’envol avec des variations substantielles selon les années (58 en 2021/22, il y en avait 58, 4 en 2020/21 et 153 en 2010/11 en avait vu 153 à l’envol. Le site de reproduction le plus important reste l’île de Rasa, le site le mieux protégé contre les menaces.

 

Reproduction de l’Amazone à joues bleues, saison 2021/22

 

 

Malgré les succès précédents, SPVS a pris la décision d’expérimenter avec de nouveaux nichoirs en polyéthylène. Ce matériau n’est pas plus cher que le PVC, possède de bonnes propriétés isolantes et est plus facile à recycler (il contient beaucoup moins d’additifs). Sur les 14 nichoirs en polyéthylène installés dans la forêt, 8 ont été occupés, avec 9 envols. Comparativement aux autres nids, les nichoirs en polyéthylène donnent de meilleurs résultats, ce qui justifie leur utilisation accrue.

 

Nouveaux nichoirs en polyéthylène avec œufs et poussins

 

 

Performance de reproduction en fonction du type de nid, saison 2021/22

 

Pour la conserver à long terme les populations de l’Amazone à joues bleues, SPVS recherche des moyens durables d’exploitation des arbres forestiers par les communautés locales afin d’offrir plus de cavités naturelles pour la nidification. À plus court terme, il est très encourageant que des nichoirs artificiels fabriqués avec différents matériaux puissent favoriser l’accroissement des effectifs de cette espèce.

 

 

Crédit photo : SPVS sauf mentions contraires