L’importance du gaspillage alimentaire chez les perroquets

Peut-être l’avez-vous remarqué chez des perroquets présents en volière, ces oiseaux n’hésitent pas à gaspiller leur nourriture en mangeant avec ‘négligence’. De nombreux morceaux de nourriture finissent éjectés des gamelles pour terminer au sol.

Ce gaspillage alimentaire joue un rôle important dans la nature et contribue à la reforestation. De nombreux scientifiques se sont récemment intéressés à ce comportement chez diverses espèces, en menant des études directement dans les écosystèmes où elles vivent.

Nous constatons après ces recherches que les Psittaciformes optent pour un système de dispersion bien différent de ceux utilisés par les autres espèces d’oiseaux. La plupart des oiseaux frugivores comme certains passereaux, trogons ou encore toucans, reconnus pour comme « disperseurs » de graines, vont systématiquement ingurgiter les fruits et disperser les graines une fois les aliments digérés.

Les perroquets quant à eux vont essentiellement détruire et manipuler les fruits de sorte à ce que certaines des graines tombent au sol. Les observations récentes montrent également que les perroquets transportent les fruits, graines et dattes dans leur bec et parcourent parfois plusieurs kilomètres avec les aliments (photo 1). Cette action, participe directement à la dispersion des graines puisque des morceaux de ceux-ci finissent inévitablement par tomber dans l’air pour finir à même le sol.

Une fois tombées à terre, les semences vont petit à petit germer pour donner naissance à une plante qui donnera à son tour des graines, fruits, dattes, etc.

C’est d’ailleurs pour cette raison que la Fondation Rewilding Argentina, soutenue par la PWLF, s’investit à la réintroduction du Ara chloroptère en Argentine. L’absence de dispersion des graines par les aras avait fortement impacté les forêts primaires de la réserve naturelle du parc Ibera.

Des études scientifiques illustrent à quel point les scientifiques se remettent sans cesse en question et surtout à quel point nous avons encore à apprendre du vivant qui nous entoure. C’est pourquoi la PWLF s’active à la conservation des Psittaciformes dans la nature, outre la sauvegarde d’une espèce donnée c’est toute la pérennité d’un écosystème qui est préservée.

Les perroquets jouent un rôle écologique important, ils ont un rôle clé dans le fonctionnement et la maintenance de la biodiversité non seulement dans leur écosystème naturel mais également dans des régions où ils ont été introduits par l’humain.

Parmi les 400 espèces de Psittaciformes répertoriées, peuplant dans les écosystèmes tropicaux à travers le monde, seulement le perroquet de vasa (Coracopsis nigra) et le toui tirica (Brotogeris tirica) avaient été considérés comme des disperseurs de graines. En effet, dans les années 1999 à 2008, de nombreuses observations démontrent que ces deux espèces transportaient régulièrement des graines en vol dans leur bec.

Ceci a rapidement conduit les scientifiques que seulement ces deux espèces avaient ces comportements, alors considérés comme jamais vu chez d’autres espèces et donc inhabituels chez les Psittaciformes. Toutefois, le perroquet de vasa fait partie des espèces de perroquets les plus ancestrales alors que les touis font partie des espèces les plus récentes si on se réfère à l’arbre phylogénique de la famille des perroquets. En prenant cela en compte, on sous-entend alors que ce comportement a été conservé au travers de l’évolution et de la diversification des espèces.

Il est aussi important de considérer que beaucoup de ces espèces sont difficiles à observer lorsqu’elles recherchent leur nourriture dans la canopée, essentiellement pour des raisons logistiques du fait de la complexité d’accès des zones de nourrissage. C’est pourquoi durant de nombreuses années nous n’avions que peu d’éléments nous permettant d’affirmer que la majorité des espèces participent à la replantation des arbres.

Comme en témoigne la photo ci-haut, cette première hypothèse a pu rapidement être remise en question. En effet, nous observons parmi ce groupe de ara de lafresnaye (Ara rubrogenys) que l’un des individus transporte du maïs dans son bec.

Cette photo a donc suscité la curiosité de nombreux scientifiques qui se sont réunis afin d’étudier plus sérieusement ce phénomène chez d’autres espèces de Psittaciformes. Depuis 2012, des centaines d’observations ont pu être réalisées permettant aujourd’hui d’avancer avec certitudes que les perroquets participent à la dispersion des graines, utilisant leur bec ou leurs pattes. Ces observations ont été menées sur plus de 28 espèces, parmi 16 genres différents, ce qui offre une diversité importante comparativement à la première hypothèse.

Au total, c’est donc plus de 94 espèces de plantes, palmiers et plantes cultivées qui bénéficient de cette replantation. Ces données ont par ailleurs été enregistrées dans 7 pays différents (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Équateur, Pérou et Espagne) comprenant principalement des perroquets d’espèces néotropicales mais aussi des perroquets africains et asiatiques considérées comme invasives en Espagne.

Ces espèces couvrent par ailleurs des écosystèmes très variés allant des forêts primaires Argentine aux montagnes Andines en passant par les régions d’Amazonie les plus humides ainsi que les plus sèches zones de la Caatinga Brésilienne voir des milieux urbains comme en Espagne.

Article entièrement issu du site Parrot Wildlife Foundation :

https://parrotwildlifefoundation.org/2021/07/01/limportance-des-interactions-entre-les-perroquets-et-leurs-ecosystemes-pour-la-replantation-des-arbres/

https://parrotwildlifefoundation.org/2021/07/07/limportance-des-interactions-entre-les-perroquets-et-leurs-ecosystemes-pour-la-replantation-des-arbres-2/

Photo de couverture : https://parrotwildlifefoundation.org/2021/07/07/limportance-des-interactions-entre-les-perroquets-et-leurs-ecosystemes-pour-la-replantation-des-arbres-2/

Références

Conserving the Diversity of Ecological Interactions : The Role of Tow Threatened Macaw species as Legitimate Dispersers of « Megafaunal » Fruits – José L. Tella, Fernando Hiraldo, Erica C. Pacifico, Guillermo Blanco (…).
Internal seed dispersal by parrots : An overview of an neglected mutualism – José L. Tella, Fernando Hiraldo, Erica C. Pacifico, Guillermo Blanco (…).
Parrot as overlooked seed dispersers – José L. Tella, Adrian Baños-Villalba, Dailos Hernández-Britos, Abraham Rojas, Erica C. Pacifico, José A Diaz Luque, Martina Carrete, Guillermo Blanco, Fernando Hiraldo