Encore une publication de Margaux très intéressante !

Mon perroquet ne m’aime pas !

Je reçois régulièrement des appels de détresse venant de personnes profondément attristées par les choix et préférences de leurs oiseaux pour d’autres membres de leur foyer.

Il arrive en effet que le perroquet s’attache à une personne qui n’était initialement pas intéressée à l’idée de créer un lien avec lui. S’il s’agit souvent d’une personne faisant déjà partie du groupe social de l’oiseau, il se peut parfois qu’un « coup de foudre » ait lieu avec une personne parfaitement étrangère et simplement de passage.

Ce phénomène se produit aussi bien avec d’autres humains que d’autres animaux, congénère oiseau inclus !

Ceci explique pourquoi nous sommes, à tort et égoïstement, réticents à l’idée de prendre un congénère à son perroquet adoré.

Risquer de perdre l’exclusivité affective de son oiseau peut-être insupportable pour bien des personnes… Quel dommage ! Quelle erreur !

Reprenons depuis le début…

Lorsque l’oiseau exprime une préférence pour quelqu’un et en particulier une personne qui ne s’occupe pas de lui, il faut se demander tout simplement « pourquoi » ?

Il y a effectivement une explication parfaitement logique à ce choix.

Voici les causes les plus courantes :

1) Une figure familière

On observe très souvent une préférence pour un sexe (ou un morphotype) chez les jeunes perroquets justes sevrés et qui viennent d’être adoptés.

Il est courant que les individus élevés par les hommes soient d’abord plus familiers et confiants envers les hommes de la famille par exemple, et inversement.

Je dis « hommes » ou « femmes » mais les perroquets s’attardent en particulier sur le timbre de notre voix et notre apparence générale pour nous différencier. Je suis convaincue qu’ils ne nous identifient pas en tant que « mâles » ou « femelles », car ils ne disposent pas des mêmes outils de perception que les mammifères.

Pour un perroquet, nous sommes surtout des « morphotypes » avec des timbres et apparences variées.

Les oiseaux vont favoriser, au départ, ce qui leur est familier, ce qu’ils ont connu durant leur petite enfance. Pour un animal proie tel qu’un perroquet, ce qui est familier est rassurant, sécurisant.

On constate le même phénomène avec des oiseaux plus âgés et ayant un vécu avec d’autres humains. Par exemple, si un perroquet a développé une relation privilégiée avec une femme, blonde à la voix aiguë, il aura des facilités à interagir avec d’autres personnes aux caractéristiques similaires.

A l’inverse, les oiseaux traumatisés par des humains vont exprimer de la peur ou de l’agressivité envers des personnes qui les ramènent à leurs expériences négatives.

Fort heureusement pour nous qui adoptons ou recueillons ces individus, les choix et préférences peuvent changer tout au long de leur existence, dépendamment des nouvelles expériences qu’ils vivront avec leurs nouveaux humains.

2) La qualité des interactions de la personne qui s’en occupe

Il arrive fréquemment que la préférence soit peu marquée au départ, et que le jeune perroquet se montre très sociable avec l’ensemble des membres de la famille.

Les jeunes oiseaux sont toujours sociables et ouverts à l’échange avec d’autres individus, humains ou non. Cette caractéristique s’atténue avec la maturité au profit de relations plus exclusives, sans parler de possessivité exacerbée pour autant. (La possessivité n’est PAS NORMALE contrairement à la croyance populaire qui veut rendre acceptable le fait qu’un perroquet rejette ses rivaux potentiels avec violence. Mais ce sujet fera l’objet à lui seul d’une autre réflexion.)

Il se peut que l’oiseau développe une préférence pour une ou plusieurs personnes du foyer, et refuse catégoriquement tout échange avec les autres.

Parmi ces rejetés, on retrouve souvent et paradoxalement LA personne qui s’occupe le plus du perroquet.

« Je le nourris, je le sors, je nettoie sa cage, je lui parle sans arrêt et pourtant il ne veut rien savoir de moi ! »

Cette situation qui peut sembler parfaitement injuste de notre point de vue humain et qui peut faire passer notre perroquet adoré pour le roi des ingrats, s’explique pourtant de façon très simple :

Si le perroquet rejette l’interaction avec la personne qui passe le plus de temps à s’en occuper, c’est très probablement parce qu’il est lassé.

En clair, cette personne le gonfle !

Par peur du rejet, nous avons comme réflexe parfaitement maladroit, de retenir l’autre.

Pourtant, à force de solliciter l’oiseau nous allons nécessairement le renforcer dans son comportement d’évitement ou de rejet.

Pour résumer, plus vous allez insister pour qu’il vous apprécie, et plus vous allez creuser le gouffre qui vous sépare.

Vous vous rappelez de ce gamin bavard et collant qui ne vous lâchait pas la grappe pendant la récrée quand vous étiez mômes ?

Je pourrais faire un comparatif un peu plus rude avec ces amoureux et amoureuses transits qui ne parviennent pas à accepter que leur prétendant potentiel, vous, rejette farouchement leurs « preuves d’amour ».

Eh bien je suis navrée de vous le dire, vous êtes probablement devenu ce genre de boulet aux yeux de votre oiseau !

Ne le prenez pas mal, on a tous fait ce genre de bêtises avec les animaux que nous ne parvenons pas à apprivoiser, moi la première

! Eh oui, il a fallu que je passe par là pour comprendre mon erreur !

Peut-on alors rectifier le tir ? Oui !

Il suffit de se faire désirer d’une part, cesser d’être sans arrêt sur le dos de son piaf à vouloir sans cesse le solliciter, le prendre avec nous ou le caresser alors qu’il n’a TOUT SIMPLEMENT PAS ENVIE.

Puis, dans un second temps, il suffit de revoir la qualité de ses interactions.

Si vous sortez le perroquet et que vous passez votre journée à courir derrière lui pour l’empêcher de dégommer les meubles, de se poser sur les portes, de toucher à vos affaires… il est évident qu’il va vous associer à ces situations de conflit et éviter les échanges avec vous.

Au contraire si vous vous efforcez de ne lui apporter que du positif, sa perception de vous évoluera et il recherchera alors tout naturellement votre compagnie.

(Petite parenthèse : si votre perroquet passe son temps à faire des bêtises et que vous devez lui faire la guerre à chaque sortie, c’est que son environnement de vie est mal étudié, que votre oiseau s’ennuie probablement ou manque d’enrichissements, et que vous n’avez pas encore les bons outils pour mieux communiquer avec lui.)

3) Les réactions de chacun qui peuvent renforcer la préférence.

Sans nous en rendre compte, nous avons tendance à renforcer des prémices de comportements qui, aux premiers stades, ne sont jamais de vrais problèmes.

Nous les renforçons en agissant comme des humains, c’est à dire en nous focalisant dessus et en essayant, en vain, de les corriger.

Il est très humain d’agir sur l’oiseau plutôt que de se demander ce que le comportement peut signifier et comment réagir pour amener le perroquet vers une autre attitude.

Certes, il n’est pas aisé d’agir à l’encontre de notre propre nature, mais c’est là tout l’intérêt de l’acquisition du langage !

En apprenant à développer les mêmes codes que nos oiseaux, nous pouvons nous faire comprendre efficacement.

Ainsi, lorsque le perroquet se pose sur quelqu’un d’autre que soi et que nous souhaitons à ce moment là interagir avec lui, soit pour éviter qu’il ne s’attache à la personne ou pour toute autre raison, nous allons bien souvent le chercher…

Si votre oiseau est tolérant, vous allez probablement éviter la morsure. Mais vous devez comprendre que si votre perroquet se pose sur CETTE personne c’est qu’il veut interagir avec elle et PAS AVEC VOUS.

En l’empêchant d’aller sur elle vous risquez encore une fois de passer pour le boulet de service qui contraint et empêche l’assouvissement de ses envies.

Vous allez alors RENFORCER l’intérêt du perroquet pour la personne plutôt que pour vous.

Au contraire, faites-vous désirer !

Si le perroquet est sur quelqu’un et que vous voulez le faire venir sur vous, n’allez pas le chercher déjà, invitez-le à venir et s’il refuse,

n’insistez pas.

Si c’est la personne elle même qui prend le perroquet pour le déposer sur vous, ce dernier risque d’être frustré, ce qui va le motiver à revenir inlassablement vers cette personne.

Vous savez très bien ce qu’il se produit quand on empêche l’oiseau d’accéder à quelque chose qui l’intéresse. Il en devient obsessionnel !

Alors laissons-le une fois pour toutes exorciser son envie, afin qu’il finisse tout simplement par se lasser et vouloir revenir de son plein gré vers d’autres activités, d’autres personnes.

N’oubliez pas que pour se faire apprécier de quelqu’un, il n’est jamais question de quantité d’interactions mais bien de qualités des échanges !

Faisons peu avec eux, envers eux, mais faisons bien.

Toute situation peut être changée simplement en modifiant notre manière de l’aborder.

Margaux Deman

Référence

Margaux Deman, 2021, Mon perroquet ne m’aime pas !, publication disponible sur le compte Facebook de Margaux Deman, consulté le 1er juillet 2021,