Une publication de Marion Nicolas, qui vient en appui d’un précédent article sur le renforcement positif. Un texte qui fait réfléchir et qui concerne de manière générale tous nos animaux de compagnie, nos perroquets compris…

Education Positive : ces mots qui veulent tout et rien dire

Par éducation positive, on entend souvent « n’utiliser que le R+ dans sa pratique avec nos animaux ». On entend partout que le renforcement positif est la garantie d’une pratique et d’un apprentissage éthique et bienveillant vis à vis de son animal.

📌 Pourtant… Est ce vraiment le cas ?

 

⚠️ Je ne vais pas y aller par 4 chemins, on peut tout à fait faire du renforcement positif et pourtant être loin d’avoir une pratique éthique voir même être complètement coercitif ( = qui exerce une contrainte). Pourtant le contraire de ce qu’habituellement on cherche pour nos animaux.
Le définition stricte du renforcement positif est le fait d’augmenter la probabilité d’apparition de la fréquence d’un comportement en ajoutant un stimuli.
Un exemple concret : Mon chien s’est assis, je lui donne une friandise. Mon chien va probablement s’asseoir de plus en plus souvent dans l’espoir d’obtenir une friandise plus souvent.
Très bien, et donc, ou est le problème ?
Le problème est multiple, mais le premier vient dans la notion de la sélection du renforçateur (ou motivateur). Et la notion de choix qui en découle.
Si mon chien n’a pas d’autres choix pour obtenir une friandise X, il est OBLIGÉ de réaliser telle ou telle chose, a t’il vraiment d’autres choix ?
Ne serait on pas en train de le forcer / d’exercer une pression latente, à réaliser ces exercices sans s’en apercevoir ?
« Oh Marion, t’exagère, s’il obtient une récompense il est forcément content, alors ou est le problème ? »
Attention je ne dis pas que le R+ est à proscrire loin de la ! En revanche, seul, le R+ ne suffit pas à être bienveillant dans sa pratique et sa communication avec son animal.
Mon but ici n’est que de permettre à tous d’envisager nos pratiques d’un nouveau point de vue.
Le problème plus fréquemment rencontré qu’on réalise sans même en prendre conscience est la récompense alimentaire classique qui entraîne une forme de restriction de la part des humains pour que l’animal « écoute mieux ».
« Si mon chien à bien mangé, il n’écoute plus rien, donc on m’a dit de diviser la gamelle et de la répartir sur la journée ». Pour peu qu’on nous ai dit que le chien pouvait devenir dominant s’il en avait trop… et c’est le pompon.
Le chien n’a donc aucun autre choix que de faire ce qui est demandé, sous peine de ne pas manger à sa faim. Ce qui entraine inévitablement un stress latent, une augmentation de la probabilité de vols de nourriture, de troubles alimentaires, ou de troubles du comportement liés à la nourriture.
Qu’on soit clair, ici le problème n’est pas la récompense alimentaire, mais l’utilisation qu’on en fait.
Cette réalité est également vraie pour toute espèce animale, dès lors qu’on leur fait réaliser des exercices pour obtenir qqc qu’ils ne peuvent obtenir autrement : chez les perroquets faire du vol libre sans que l’oiseau ne puisse manger à sa faim etc etc.
On a du mal à concevoir cette réalité, car pour la majorité d’entre nous dans notre quotidien, notre prise alimentaire n’est pas conditionnée par le bon vouloir d’un autre être vivant. On ouvre le frigo, la nourriture est disponible. Et même s’il est vide, un coup de voiture et *on sait* qu’on peut y accéder facilement. On à cette possibilité, ce choix, à tout moment. Ce choix qu’on a retiré dans le cas ou la prise alimentaire n’est plus possible autrement qu’en faisant ce qui est demandé 𝙚𝙩 𝙦𝙪𝙚 𝙘𝙖 𝙣𝙚 𝙙𝙚𝙥𝙚𝙣𝙙 𝙥𝙡𝙪𝙨 𝙙𝙚 𝙫𝙤𝙩𝙧𝙚 𝙫𝙤𝙡𝙤𝙣𝙩𝙚.

⛔️ Ca ne vous évoque rien ?

 

 

Moi ca me fait penser que le chien est la seule espèce animale de laquelle on exige systématiquement à minima qu’elle s’asseoit sans bouger avant d’être servie. Comme si manger… Devait toujours se mériter.
On ne demande pas ca à nos animaux de ferme, nos chats, nos oiseaux. Il n’y a de pression à la gamelle que pour nos chiens.
La prise alimentaire est vitale, primaire. C’est pour cette raison qu’on appelle la nourriture, un renforçateur primaire. Elle permet de faire faire beaucoup de choses à nos animaux, mais sans aller jusqu’à citer l’oncle Ben, c’est un grand pouvoir qui nous est donné, et qu’on utilise bien souvent à tort et à travers.
Sans aller jusqu’à faire manquer son animal (consciemment ou inconsciemment d’ailleurs !) on peut retrouver cette crise du manque de choix dans des actions banales : un chien en laisse trop courte qui « subit » l’interaction d’un autre alors qu’en longe ou laché il se serait peut être contenté de reculer.
On le retrouve dans toutes les activités : Medical training, sports, obé, mediation etc, sans introduction à la notion de choix, sans zone de repli.
Exemple : j’ai appris à mon animal à s’asseoir quand on est chez le vétérinaire pour pouvoir faire ses soins sans problèmes. Mais sans avoir introduit la notion de choix et de refus pour son animal, comment s’assurer qu’à ce moment la il a réellement envie ou est disposé à faire ces actes ? Et si le stress induit était plus grand que la friandise (ou la récompense quelque soit sa forme) ? Et s’il n’avait tout simplement pas envie ? Alors sans s’en rendre compte, on va le forcer. Le contraindre à tout de même réaliser cet exercice, cette manipulation (qu’elle soit pour son bien final ou pas, ca, ce n’est pas pris en compte par l’animal qui ne s’intéresse qu’au moment présent…)
Et c’est pour cette raison que j’ai beaucoup de personnes qui m’indiquent qu’un beau jour, leur chien à mal réagit alors que d’habitude tout allait bien. L’animal (particulièrement nos chiens qui sont très tolérants…) accepte la situation, docilement. Jusqu’au jour où c’était la fois de trop.

𝐀𝐜𝐜𝐞𝐩𝐭𝐞𝐫 ≠ 𝐅𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐞𝐧𝐯𝐢𝐞

⛔️ Sans choix, on a une pression, une sensation d’être acculé, de ne pas être maître de ses actes ni de ses décisions. On est obligé de faire des choses qui, si elles ne nous dérangent pas la plupart du temps, he bien… nous sommes tous des etres vivants, avec notre seuil de tolérance et nos envies ou nos craintes du moment.
✅ Avec le choix, on sait qu’on aura toujours une porte de sortie, qu’on peux stopper une action à tout moment. On augmente considérablement le facteur bien-être de ses animaux, et on augmente aussi sans aucune commune mesure, la confiance qu’ils peuvent nous porter.
L’éthique s’apprend. Ce n’est pas juste un joli mot que l’on pose sur ses pratiques ou sur son CV car nous même, on voit notre façon de faire comme étant éthique.
✨On adore apprendre le mot NON à son chien. Et si…. on lui apprenait a pouvoir en faire de même ? Pourquoi dire non ne devrait être réservé qu’aux humains ?
Le choix (autant qu’il est possible d’en apporter pour nos animaux de compagnie) ne devrait pas etre un luxe, mais un droit.
Marion Nicolas
Consultante en Comportement Animal
@animaletherapie
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Référence
Marion Nicolas, 9 Juin 2021, Publication Facebook Animal Thérapie « 𝑬𝒅𝒖𝒄𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝑷𝒐𝒔𝒊𝒕𝒊𝒗𝒆 : 𝘤𝘦𝘴 𝘮𝘰𝘵𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘷𝘦𝘶𝘭𝘦𝘯𝘵 𝘵𝘰𝘶𝘵 𝘦𝘵 𝘳𝘪𝘦𝘯 𝘥𝘪𝘳𝘦 », disponible en ligne sur la page : https://www.facebook.com/animaletherapie, consulté le 13 juin 2021