Une publication de Margaux Deman qui permet d’apporter des éléments de réponses face à un problème récurrent ! Bonne lecture !

Mon perroquet crie sans arrêt

Lorsque l’on se renseigne puis adopte des oiseaux, nous avons, logiquement, pris connaissance de leur grande propension à crier, ou plutôt, vocaliser.
Si contrairement à un grand nombre d’espèces d’oiseaux, la voix des perroquets n’est pas des plus harmonieuse et agréable à écouter, il n’en reste pas moins que ces cris ont un sens et servent à transmettre bon nombre d’informations.
Au cœur de l’épais couvert végétal de leurs biotopes d’origine, les perroquets arboricoles doivent pouvoir se localiser, se guider et communiquer malgré la distance qui les sépare, les obstacles de végétation et le brouhaha ambiant.
Crier fort est donc nécessaire pour un grand nombre d’espèces et contribue grandement à la survie de chacun.
En captivité, leur voix ne semble pas avoir perdu en puissance, ni même en utilité.
Avant même de vous insurger contre vos oiseaux qui vous cassent les oreilles, vous êtes vous déjà seulement demandés à quoi cela pouvait-il bien leur servir ?
Quelle est l’utilité des cris, au juste ?
Bien que ces vocalises ne constituent pas le principal moyen de communication de ces espèces, elles n’en demeurent pas moins importantes notamment pour la transmission d’informations utiles à l’ensemble du groupe social.

➡️ Les cris de marquage :

Ils apparaissent peu à peu avec la maturité et sont émis souvent tôt le matin puis tard le soir, peu de temps avant la tombée de la nuit.
Ce sont ces mêmes cris qui avortent nos projets de grasse matinée et qui peuvent agacer le voisinage !
Ils sont innés et ainsi impossibles à corriger bien évidemment. Ils font partie du « package » comme j’aime à le dire.
Ces cris sont très puissants et accompagnés de vocalises diverses, apprises et souvent communes aux membres du groupe.
Ces cris ne s’observent que chez les espèces territoriales et servent à marquer l’environnement familier.
Je pense qu’ils permettent d’avertir les autres groupes de perroquets, mais également de signaler une position à d’autres individus avec lesquels les oiseaux ont des affinités.
J’ai pu constater que, dans un groupe stable, le leader aura tendance à marquer davantage que les autres.
Les oiseaux vont souvent reproduire des vocalises communes, peut-être pour renforcer les liens entre les individus, et peut-être pour renforcer leur appartenance au groupe.
On observe le même genre de comportements et vocalises au sein des pods de cétacés par exemple.
Pour autant, chaque individu dispose de sa propre emprunte vocale permettant aux autres de s’identifier aisément.
L’ouïe des perroquets est extrêmement fine. Ils sont capables de se reconnaître et se distinguer les uns des autres sans se voir, simplement en écoutant une seule vocalise de leurs congénères.
Plus incroyable encore, ils sont capables d’isoler dans une cacophonie un son ciblé.
Même un humain peut finir par apprendre à identifier un individu au timbre de sa voix.
J’ai toujours eu l’oreille ultra sensible et je sais systématiquement quel est l’oiseau qui se manifeste. ☺️

➡️ Les cris de contact ou de liaison :

Nous les connaissons très bien, ils sont régulièrement émis lorsque les oiseaux se perdent de vue, ou perdent de vue leur partenaire humain.
D’ailleurs, n’ayez pas de scrupule à répondre à votre perroquet pour lui indiquer que vous n’êtes pas bien loin de lui, il en a besoin.
Inutile de lui répondre à chacun de ses appels ! Une ou deux fois suffisent, car si vous lui répondez davantage vous risquez de lui transmettre une autre information : l’intention de le rejoindre.
(« L’intention de » est une information que l’on peut transmettre en fonction de nos attitudes corporelles et verbales, je traite ce sujet durant les formations zoom et séminaires. ☺️)

➡️ Les babillages et vocalises :

Tout au long de sa vie, le perroquet va faire doucement évoluer son répertoire vocale, en particulier les perroquets africains dont le langage à distance est extrêmement riche.
À certains moments de la journée, et généralement durant la sieste, le perroquet travaille ainsi sa voix et imite divers sons de son quotidien qui pourront faire partie, plus tard, de son répertoire propre.
Les oiseaux prépubères vocalisent beaucoup plus que les jeunes et les adultes, une accentuation des cris peut être tout à fait normale durant cette période de leur vie.

➡️ La transmission d’informations sur l’environnement :

Les oiseaux peuvent crier pour transmettre des informations à l’ensemble du groupe.
La plupart du temps il s’agira d’avertir de la présence d’un danger, prédateur ou objet suspect.
La nature du crie diffère aussi selon la nature du danger.
Je suis toujours très amusée lorsque j’entends mes aras crier pour avertir de la présence d’un prédateur au sol, comme un chat ou un chien.
Souvent l’un d’entre eux seulement, et le leader la plupart du temps, lance un puissant cri grave caractéristique.
A l’inverse, lorsque le danger vient du ciel, les perroquets vont émettre un discret grognement. Assez discret pour ne pas se faire repérer, mais suffisamment pour que tout le monde l’entende.
Je le répète souvent, les perroquets sont de véritables commères !
Lorsque quelque chose d’intéressant ou d’intrigant se produit sur leur territoire, ils émettront des cris pour avertir et ameuter les autres !
D’autres cris seront utilisés par ailleurs pour avertir de la présence d’une ressource ou d’une activité potentielle.
Les perroquets peuvent aussi mentir à leurs congénères en émettant un cri d’alerte en référence à une source de danger inexistante ! Ils le font pour pimenter leurs interactions avec les autres. Je suis convaincue que ce phénomène n’a jamais été vérifié, mais je l’observe sans nul doute chez de nombreuses espèces.
Auprès de leurs humains, les perroquets émettent d’ailleurs souvent des cris agaçants s’ils constatent que la réaction qu’ils génèrent est suffisamment intéressante (commérage, commérage… 😂) !

➡️ Transmission d’informations d’ordre émotionnelles :

Certaines émotions, positives (joie, excitation, jeu) comme négatives (peur, douleur, frustration) peuvent être accompagnées de cris.
Ce sont ces derniers qui souvent nous posent problèmes.
Lorsque le perroquet est frustré car trop longtemps isolé, confronté à l’ennui, au manque d’exercice, de stimulations et d’interactions sociales, les cris deviendront aisément son principal moyen (pas que) de vous faire comprendre que quelque chose ne va pas !
Malgré la panoplie de raisons naturelles qui justifient l’émission de cris, les périodes durant lesquelles l’oiseau s’exprime un long moment sans s’arrêter n’ont rien de normales.
Des épisodes de cris n’excèdent généralement pas quelques dizaines de minutes par jour.
Je généralise ! Certains perroquets, pourtant très équilibrés, certaines espèces aussi, sont naturellement plus pipelettes que d’autres. Il faut seulement apprendre à vivre avec.
Concernant les épisodes de cris continus, afin de mieux les comprendre, il faut absolument s’interroger sur les besoins du perroquet.
La frustration est LA principale raison récurrente, mais l’oiseau peut également crier sans arrêt parce qu’il souffre d’une pathologie par exemple. Il n’est pas toujours aisé pour un particulier de savoir identifier un comportement d’ordre psychologique d’un symptôme de maladie. Cela s’apprend avec l’expérience et le développement de ses connaissances sur le comportement et la psychologie animale.
On ne peut en aucun cas corriger un problème de cris, puisqu’il s’agit d’une façon pour l’oiseau de vous transmettre son état émotionnel (pour ne pas dire son désespoir).
S’il constate en plus que cela vous agace et vous fait réagir, alors il n’y a aucune raison pour qu’il cesse !
Les astuces qui consistent à couvrir la cage ou isoler l’oiseau dans un lieu sombre sont une torture absolue et contre productive.
Cela ne règlera jamais le fond du problème et ne fera que renforcer l’état de frustration de l’animal !
Interrogez-vous plutôt sur sa signification profonde.
Demandez-vous simplement si votre oiseau a tout pour être heureux :
– Espace de vie volumineux et enrichi.
– Exercice du vol suffisant.
– Congénères.
– Interactions humaines régulières et de qualité.
Parce qu’un perroquet épanoui est un oiseau qui s’exprime, certes, mais beaucoup plus raisonnablement croyez-moi.
Ça vaut le coup de les rendre heureux, pour le confort de nos oreilles, mais surtout pour eux même, leur épanouissement et la richesse de la relation qui nous unit. 😉
Margaux Deman
Source
Margaux Deman, octobre 2021, Mon perroquet crie sans arrêt, publication Facebook du 22 octobre 2021, disponible sur le compte personnel de Margaux Deman