De précieux conseils de Margaux Deman, comportementaliste

Le pincement chez les jeunes perroquets

Lorsque l’on adopte un perroquet juste sevré, nous sommes rapidement confrontés au problème des pincements.
En effet, le perroquet utilise naturellement son bec comme un outil d’exploration et de communication.
La plupart du temps il s’en servira pour découvrir son environnement mais aussi pour apprendre à communiquer avec ses congénères humains et/ou oiseaux.
Le pincement d’un jeune perroquet sera très rarement associé à de l’agressivité. Un oiseau mal socialisé et craintif peut cependant user de son bec pour se défendre, mais si votre nouveau compagnon est déjà très familier alors l’explication sera différente.
Votre rôle sera d’enseigner à votre jeune perroquet à moduler la pression exercée par son bec.
Comment lui faire comprendre que vos doigts, votre peau, votre visage et vos oreilles sont sensibles et comment l’encourager à faire attention ?
Votre oiseau est tout à fait en mesure de comprendre que vous serez intolérants au delà d’une certaine pression.

Première étape :

Vous ne devez pas considérer un pincement douloureux comme un « acte de méchanceté. »
Comme exprimé précédemment, les jeunes oiseaux pincent rarement dans le but d’agresser. Si votre compagnon à plumes vous fait mal, cela sera très probablement involontaire.
Il n’y a aucune raison de lui en vouloir et de le réprimander.
Une réaction négative, une correction verbale ou physique, ou encore une punition ne sera absolument pas comprise et risque d’altérer la relation de confiance qui s’instaure entre vous.
Vous devez prendre sur vous et accepter sa maladresse. Il ne sait pas qu’il vous fait mal !

Deuxième étape :

Vous devez adopter une attitude cohérente qui sera bien interprétée et comprise par votre perroquet.
Ce dernier ne pense pas comme vous, ne l’oubliez jamais.
En tant qu’animal grégaire, tout ce qui importe à son apprentissage social s’avère être les réactions de son groupe (vous et/ou les congénères).
Cela signifie qu’une réaction gestuelle et/ou verbale à la suite d’un pincement peut contribuer à donner un sens/renforcer le comportement.
Pour être plus claire, si votre perroquet vous pince et que vous sursautez en hurlant, vous allez créer un intérêt pour le comportement.
A l’inverse, si vous parvenez à rester neutre ou « inintéressant » le perroquet ne développera pas d’intérêt pour le pincement.
En parallèle de ce paramètre « réaction » il est essentiel de souligner que la peur ou l’appréhension du bec risque d’induire la morsure.
Pas question de ne pas approcher de près le bec de votre perroquet ! Vous devez apprivoiser cette puissante pince kératinisée.

Troisième étape :

Ne jouez pas les sadomasochistes avec vos oiseaux !
On entend souvent que lorsque l’on est pincé par son perroquet il ne faut pas bouger ni réagir mais attendre que l’oiseau nous lâche de son plein gré.
Je ne sais pas pour vous, mais personnellement je tiens à mes dix doigts !
Cette attitude fonctionne mais reste dangereuse avec les espèces disposant d’une grande force de pression.
Alors je vous conseille de travailler comme suit avec votre jeune compagnon à plumes :
1) N’attendez pas qu’il vous fasse mal. Il est préférable d’avoir un seuil de tolérance à la douleur plus bas que la réalité afin de se laisser une marge d’erreur.
2) Lorsque vous estimez que la pression est trop forte, indiquez discrètement à votre perroquet qu’il commence à vous faire mal.
Discrètement = sans hurler = en chuchotant ou en émettant un léger son.
3) Si le perroquet comprend naturellement qu’il vous incommode, il va diminuer la pression. Vous pouvez alors renforcer et continuer d’interagir avec lui.
Si le perroquet ne comprend pas votre avertissement et pince plus fort, la meilleure attitude consiste à le repousser pour stopper nette l’interaction.
Si vous le câliniez par exemple, stoppez les caresses.
Si vous jouiez avec, stoppez le jeu.
Si le perroquet pince la main sur laquelle il est ou l’épaule. Donnez une légère impulsion pour le faire s’envoler.
4) Quoi qu’il en soit vous devez restez le plus discret possible (ne pas lui parler ni lui indiquer que c’est « mal » parce que ça ne sert à rien et cela peut même avoir l’effet inverse) puis SURTOUT rompre le contact visuel.
Un pincement trop douloureux = Arrêt de l’interaction en cours = fin de l’attention.
Le perroquet va comprendre rapidement que ce comportement lui est délétère puisqu’il perd votre très précieuse attention.
L’arrêt de l’interaction n’a aucune durée puisqu’il ne s’agit pas d’une punition. Le simple fait que l’interaction cesse durant une fraction de seconde est suffisant à cet apprentissage.
Ainsi, si une fois le contact rompu votre perroquet revient de nouveau vers vous, vous pouvez parfaitement recommencer à vous occuper de lui, comme s’il ne s’était rien passé.
Ce qui importe s’avère être la conséquence immédiate du comportement exprimé par l’oiseau.
Vous allez constater que, si vous maintenez la même conduite, très rapidement votre jeune perroquet va apprendre à moduler la pression de son bec.
5) Lorsque vous sentez qu’il fait attention et qu’il utilise son bec avec douceur vous pouvez renforcer pour l’encourager dans son apprentissage.
Pas de « non ! », pas de punition et encore moins de réprimandes, ce n’est pas plus compliqué que ça. 😊
Margaux Deman