Comment récompenser son perroquet?
par Margaux Deman, comportementaliste
Est renforçateur tout ce qui est pertinent et attractif du point de vue de l’oiseau
La récompense est appelée « renforçateur », c’est à dire qu’elle a pour rôle de renforcer/encourager le comportement émis au moment de sa distribution. Les récompenses alimentaires sont en général ce qu’il y a de plus efficace pour renforcer une attitude = renforçateur primaire.
Pourtant de nombreux oiseaux, en particulier les gris du Gabon, ont du mal à accepter la nourriture donnée à la main…
Rassurez-vous, il est heureusement possible de pouvoir « travailler » le comportement de son gris du Gabon, ou de tout autre oiseau non réceptif à la nourriture (en particulier les individus farouches difficiles à approcher).
En effet, il existe une infinités de renforçateurs potentiels !
Même là où on ne les attend pas forcément.
Les perroquets sont des oiseaux hautement sociaux, toujours en recherche d’interactions (que ce soit avec leurs congénères, ou avec l’humain). Les interactions positives comme négatives font partie intégrante de la dynamique d’un groupe d’oiseaux.
Par ailleurs, un perroquet qui subit une majorité d’interactions négatives avec ses congénères, sera plus épanoui qu’un perroquet qui n’en subit pas du tout !
Chez les perroquets, il vaut mieux être mal accompagné que seul…
Revenons-en à nos histoires de récompenses…
Si le perroquet est aussi réceptif et demandeur d’interactions, alors celles-ci (quelle que soit leur nature), peuvent faire office à elles seules, de renforçateur !
(Petite parenthèse, c’est également pour cette raison que je dis souvent qu’il est inutile voire néfaste de punir ou gronder son perroquet… car toute réaction est potentiellement renforçatrice = encourage le comportement !)
Il est possible de pouvoir faire évoluer le comportement de son perroquet sans user de récompense alimentaire,
ni même sans avoir à jongler avec son poids ou sa ration de nourriture, quel que soit l’objectif de l’enseignement (même en vol libre, pas besoin de parler de poids ou de restriction avec un perroquet) !
Ces autres renforçateurs sont secondaires, c’est à dire naturellement moins efficaces que la nourriture qui va véritablement combler un besoin… Moins efficace certes, mais ils fonctionnent !
Ainsi, il est intéressant d’entraîner simplement son oiseau en travaillant sur nos propres réactions,
(paroles, intonations, gestuelle…), dépendamment de celles de notre perroquet.
Par exemple, dans l’apprentissage du rappel, il est possible d’obtenir un rappel parfait sans user de la nourriture, simplement en exagérant nos réactions lorsque la réponse est parfaite (notre perroquet adore ça) !
Utiliser nos réactions (je parle en particulier de réactions type « gagatitude ») pour renforcer un comportement est pertinent surtout si le perroquet aime avoir des interactions avec l’humain, avec vous… bien évidemment ! Avec un oiseau distant ou méfiant, ce serait une autre histoire !
Soyez prudents… certaines de vos réactions, même si elles sont pleines de bonnes intentions, peuvent ne pas plaire à votre oiseau.
Par exemple :
Vous appelez votre perroquet au rappel, il arrive tout de suite et vous le récompensez verbalement et en le serrant contre vous pour un câlin, ou en passant simplement votre main sur son dos pour une caresse.
En toute franchise, à part les cacatoès (et encore) ou certains individus, j’ai rarement vu des perroquets apprécier réellement ce type de « hug” typiquement mammalien !
La simple réaction verbale (gagatitude puissance 12) aurait pu suffire simplement. Alors que votre câlin (encore une fois de bonne intention) aura au contraire pour effet de dissuader votre perroquet de vous répondre la prochaine fois que vous l’appelez… dommage !
C’est souvent à cause de réactions inadaptées ou désynchronisées que le perroquet met plus de temps à apprendre une tâche, voire n’y parvient pas du tout.
Idéalement, la bonne relation avec un perroquet se base uniquement sur des actions renforçatrices des bons comportement
ou par l’ignorance totale des comportements “indésirés” ou que l’on ne souhaite tout simplement pas encourager.
Pour résumer: récompenser son perroquet c’est lui apporter quelque chose qui soit susceptible de l’intéresser.
Et finalement, il en faut peu… pour être heureux ! Ou peut-être juste… un petit effort d’observation de notre part !
Sources :
parole-de-plumes, Margaux Deman ©
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